magic, N°70 avril 2004 / Marie DAUBERT

Si Olivier Queysanne pouvait vous téléporter au 5 passage Montbrun, à Paris, ou au 30 East 31th Street, à New York, au lieu de vous intercepter par Cd-R interposé, il le ferait sans hésiter. En effet, la démarche de ce musicien hors norme s'affronte sans relâche à ce tour de passe-passe technique que constituent l'enregistrement et la restitution, qui amputent les espaces de diffusion pour les faire tenir dans les limites sonores d'un Cd standard. La haute-fidélité ne changera rien aux positions d'Olivier, bien au contraire. Si le meilleur système acoustique fait d'une salle de concert un lieu d'écoute optimisée (et donc artistiquement déjà dirigée), qui met en place une résonance idéale en contraignant les volumes, alors il préfère adapter sa performance, le Repérage Digital, à un espace donné. Il pose une unique enceinte, une intervention minimale, comme catalyseur du lieu pour en déclencher les singularités acoustiques. Ce que le principe peut avoir de résolument lo-fi dépasse ici la seule simplicité des moyens, même si Olivier met toute sa rigueur à utiliser un ordinateur "bas de gamme, soit un Powerbook G3, mais jamais le plus puissant", explique-t-il. "Je travaille depuis 1998 avec Max/MSP, qui est un logiciel capable d'aller extrêmement loin dans les technologies du son. Mais il est aussi utilisable à 1/1000e de ses possibilités, comme l'usage critique que j'en fais !" La démarche met surtout en avant ce que la lo-fi secrète a de plus brut, le lien le plus direct entre écouter et être présent, à sans cesse révéler le procédé, qu'il s'agisse du souffle d'un magnétophone ou des recoins d'un espace de diffusion improvisé. Et cet appartement ou cette salle de classe se mettent dès lors à vibrer de la présence et de la répercussion des oscillateurs sonores manipulés par l'artiste - les générateurs sinewave de Max MSP concentrés en un point sonnant par cette fameuse enceinte mono à la sortie du Powerbook.
Habitat : Abrupts, minimalistes jusqu'à la monomanie, les Cd-R qu'Olivier produit sur son label, InthyspaceRecords, rendraient cinglé le plus patient des compteurs Geiger. "Ce sont des documents, et non de véritables albums. Ils sont là pour garder une trace de la performance". Dans ces conditions, comment envisager la sortie d'un disque d'après la proposition d'Hugo Roussel et de son label d'electro minimale Pricilia Records ? "Pricilia est aussi un lieu digital, représenté virtuellement par son site Internet http://www.pricilia.com. Mon travail est uniquement numérique, il n'y a pas d'effet, pas d'intervention analogique. Alors les données de mon ordinateur à ce Cd restent dans le même espace, virtuellement chez Pricilia. C'est pourquoi je considère que le lieu choisi est le support, le Cd lui-même". Le résultat obtenu est une errance délicate, une note vibrante et duveteuse qui dilate le temps comme on perce un secret. Trois minutes, puis quatre, puis cinquante, la vibration décroche imperceptiblement, semble se réajuster, perturbant la stabilité de l'environnement lui-même, comme un papillon provoquant un raz- de-marée d'un battement d'aile. Insupportable pour qui ne s'absorbe pas tout entier dans son écoute, ce travail prend des allures de mantra. Proposant à l'auditeur une perception plus ténue, renouvelée, Olivier conçoit le Repérage Digital comme une expérience intime. Sensibilisé à ces problématiques par des amis étudiants en architecture, il se propose depuis l'année 2000 d'explorer l'habitat à travers quatre villes (Paris, Berlin, New York et Tokyo) et autant d'appartements.

- PARIS TRANSATLANTIC Magazine, may 2005

http://www.paristransatlantic.com/magazine
33 RPM: Ten Hours of Sound from France, exhibition at San Francisco's
Museum of Modern Art   http://sfmoma.org/exhibitions/33rpm

33 RPM, which follows on from Ju-jikan, documenting the Japanese scene, and Variable Resistance (idem for Australia), represents a brief snapshot of the recent 33 RPM: Ten Hours of Sound from France exhibition at San Francisco's Museum of Modern Art http://www.sfmoma.org/exhibitions.doc. The elegant and informative booklet lists all the participating works in the exhibition, whereas the CD features work from ten composers / sound artists / groups (delete where appropriate): Kasper Toeplitz, Kristoff K. Roll, Jean-Claude Risset, Lionel Marchetti, Christophe Havel, Laurent Dailleau (who also provides the extensive liner notes, of which more later), pizMO, Jean-Philippe Gross and Mimetic. Attempting to convey the diversity of the scene on one disc - let alone in ten hours - is quite a task, and it's relatively easy to find things to complain about, notably the conspicuous absence of many older generation GRM musique concrete pioneers and the more media-friendly practitioners of "French touch" techno, but the selection is rich and rewarding nonetheless. Dailleau, whose work on theremin and electronics is well worth seeking out for those unfamiliar with it (start with Triolid's Ur Lamento on Potlatch, with Isabelle Duthoit and David Chiesa), has an evident familiarity with the electroacoustic improvisation end of the spectrum, hence the inclusion of Metz-based Jean-Philippe Gross, whose work with printed circuits you will definitely be hearing of in the years to come. The most "traditionally" concrete offerings here come from Risset, as might be expected, three superb miniatures entitled "Resonant Sound", which feature the kind of delicate transformation of objets trouvés that the French have long been famous for. In comparison, Topelitz's bombastic "PURR#2", though impressively executed, sounds heavy-handed; just as well it opens the disc, because it makes the Kristoff K. Roll offering "Zocalo masqué" right after sound even better than it is. Lionel Marchetti, perhaps better known to readers as an improviser, contributes an early (1989) piece, "A rebours", that builds up ghostly strands of bandoneon into a dense and thrilling climax, and contrasts spectacularly with the digital roadkill of Christophe Havel's "excerpt / metamorphosis". Dailleau's own "It Was Too Dark to Hear Anything" is more sedately paced and beautifully mixed. Equally impressive is Mathieu Chamagne's "On sonne", the kind of high-speed splatter/scatter that digital technology has made possible. So, unfortunately, is the scrappy assemblage of bloops, swoops and buzzes that makes up pizMO's "nim". At least Gross' "Gris Epais" reveals evidence of a good ear and sense of structure, after which the closing "Evolution" by Mimetic sounds oddly out of place, being the only track included to work explicitly with pulse in a post-techno context.
Dailleau's notes are wide-ranging and not without their merit, but I'd like to see some documented proof of his assertion that Jean-Jacques Perrey was the first to incorporate tape loops into popular music. And lines like "improvisation as it is practiced today, outside the influence of jazz, was invented in London around 1965 by the founders of AMM" should not go unchallenged. Such glib blanket statements - one presumes Dailleau knows about the work of Robert Ashley, Gordon Mumma, Alvin Lucier, Alvin Curran, Pauline Oliveros, Kenneth Gaburo and a whole host of others, so why does he not acknowledge their input too?- are sadly rather typical of the booklet, whose defiantly Francocentric positioning is potentially misleading to those unfamiliar with the history of electronic music. IRCAM of course gets a mention as the place where Miller Puckette dreamed up Max/MSP, but the music the Institute has produced since it opened for business in 1977 is not mentioned (indicative as much of Dailleau's curatorial stance as it is of the relative dearth of great new music emanating from the place). Instead, neglecting to mention Parmegiani, M’che, Malec and Henry in favour of namechecking interesting but so far little known figures like Olivier Queysanne, whose Max/MSP glitch microworld is more interesting to read about than it is to listen to, raises eyebrows, and I imagine Jerome Noetinger's Revox is overheating in righteous fury at statements like "the tape recorder has already begun to fade into memory". Such quibbles aside, though, 33 RPM is a superbly produced document with much to commend it. - Dan Warburton

- SOUND PROJECTOR MUSIC MAGAZINE #11 JUNE 2004 / Ed PINSENT

CD "Repérage Digital" Olivier Queysanne Pricillia Records N°18 Nancy
Vicious, piercing, shrill noise. A lengthy endurance test with virtually no payoff.

- METAMKINE 2004 / Jérôme NOETINGER

Olivier Queysanne "Repérage Digital" CD N°18 Edition Pricillia Records Nancy
Un travail réalisé à partir d'oscillateurs numériques et basé sur de subtiles variations d'ondes sinus. Où l'on peut se déplacer devant ses haut parleurs pour encore mieux percevoir ces changements. Les oreilles clignotent et l'espace se métamorphose.

- JADEMAG JADWEB #14 JANVIER 2004 / Julien JAFFRE

Olivier Queysanne "Repérage Digital" CD N°18 Edition Pricillia Records Nancy
L'utilisation privilégiée d'un type de matériel, d'une fonction usitée d¹un vieux logiciel, des potentiels oubliés d'instruments désuets/démodé prend aujourd'hui une part croissante dans l'élaboration du morceau. Le son chemine en étroite collaboration avec l'idée même de ce que veut faire l'auteur. Cette imbrication du matériel comme élément déterminant de la composition est sans doute un héritage des G.R.M. ou de l'IRCAM (dont le synthétiseur modulaire numérique ici présent est issu), et continue à occuper les attentions d'artistes, de 386 DMX à Oeuf Korreckt. Olivier Queysanne a élaboré sa participation sur le tard, en investissant à la nuit tombée, appartements et lieux intimes de la capitale. Une exploration en règle des lieux de complicités (ou non) donnant à écouter "de petits évènements sonores interstitiels". Un matériel très ciblé, très présent qui a le mérite de ne pas trop obturer l'oeuvre de son contenu. La complexité du processus (et du matériel) contraste ainsi avec la simplicité de l'oeuvre, la légèreté de l'approche. La mise en action révèle une lente montée (presque) silencieuse et répétitive où les espaces clos se remplissent peu à peu de sens. On pense à Kozo Inada ([d] sur staalplaat) à Heimir Björgulisson, à Richard Chartier, par instant à Tobias Hazan, puis surtout Jocelyn Robert, pour cette traque commune de l'indicible (20 moments blancs sur OHM). Froid et reposant.

- XLR8R

Compact Disc : 23Five Production/SFM 903 http://www.23five.org/reviews/33rpm.html
http://sfmoma.org/exhibitions/33rpm
The French wrote the damn book on audio collage or musique concrete, some 50 years ago, discovering that tape-edits can make the world sound differently. Last September, the San Francisco Museum of Modern Art invited patrons to 10-hour listening marathons of key sound pieces from conservative America's favorite punching bag. This compilation of exhibit highlights stupefies. Kasper T. Toeplitz's "PURR#2" resembles a freeway accident victim's last moment of life, while Kristoff K. Roll brilliantly fingerpaints with samples of a Zapatistan rally in "Zocalo Masque." Jean-Claude Risset enters Edgar Varese territory with his mix of an orchestra slipping everywhere. Check out Laurent Dallieau's linear notes for a clear, unpretentious overview of French avant-sound history. - Cameron MacDonald

- PARIS TRANSATLANTIC Magazine, june 2004

http://www.paristransatlantic.com/magazine

- Compact Disc : 4X 7 MIN 30 - Alexandre Bellenger / Olivier Queysanne - CD ARR10
- Compact Disc : TOP CHEAP REALITY SHOCKS - Alexandre Bellenger / Quentin Dubost /
Olivier Queysanne / Romaric Sobac - CD ARR13

Some musicians - composers, primarily - seem to function best in glorious isolation from what is going on around them, but I happen to agree with Steve Lacy, who once said that it was nothing less than a musician's duty to be aware of the work of his/her contemporaries. If that is the case, then the frequent presence of guitarist and electronician Alexandre Bellenger, one of the younger generation of French improvisers, at concerts here in Paris is a sure sign that he's doing his duty. Moreover, like many others, he takes full advantage of the availability of the latest home studio technology to document his work on self-produced CDRs on his ARR imprint (which retail at the bargain basement price of 6¤ and are available from the email address above), of which these eight (eight!) represent but a selection. As might be expected from such an avid follower of the new music scene in all its forms, Bellenger's work reveals evidence, direct and indirect, of numerous influences. One can hear echoes of Niblock and Conrad in Requiem for the Self, a four-movement graphic score interpreted by Bellenger on DR5, SP303 and A100 synths and Quentin Dubost on bowed electric guitar and engine. 4 x 7 min 30 is precisely that: Bellenger, on A100 and Ineko, is joined by Olivier Queysanne, who's credited as playing "Osc.Num.Mod./data-crash sur Mac iBook". Queysanne's penchant for pushing the laptop over the edge recalls Mattin, and the resulting scrimmage is far more engaging than his (Queysanne's) previous solo outing on Pricilia. Top Cheap Reality Shocks! (not too sure if that last word is a noun or verb) also features Queysanne, in characteristically more lowercase mood, and Dubost, whose onkyo fingerpicking graced the recent Japanese / French collaboration from:/to: Bellenger sticks to acoustic guitar here, and Romaric Sobac (on objects and radios) makes up the team. The point of reference here is more obviously recent Keith Rowe (those radios..), or maybe Annette Krebs, and the two extended pieces respectively lasting 32'54" and 20'05" need patient and concentrated listening to yield their secrets.

- SOUND PROJECTOR MUSIC MAGAZINE #11 JUNE 2004 / Ed PINSENT

CD "Repérage Digital" Olivier Queysanne Pricillia Records N°18 Nancy
Vicious, piercing, shrill noise. A lengthy endurance test with virtually no payoff.

- OSCILLATIONS # 03 NOVEMBRE 2002 / Sylvain GAUTHIER

Olivier Queysanne CD "Repérage Digital" Edition Pricillia Records N°18 Nancy
Le label Pricilia, basé à Nancy (région berceau du mythique festival MusiqueAction), continue de mener sa courageuse et salutaire mission de promotion de la jeune garde de la musique improvisée. Exigeant et enthousiaste, il nous présente ainsi Olivier Queysanne, armé d'oscillateurs numériques CYCLE~Max/MSP fonctionnant sur I-Book. Tout commence en juin 2000 quand ce dernier entreprend la première occurrence d'une longue série de "performances sonores numériques en solo, explorant les lieux privés, publics, institutionnels et les galeries, à l'affût de petits événements sonores interstitiels", et ayant pour nom Repérage Digital.
Après une trentaine de Repérages effectués principalement dans des appartements de Paris et New York, c'est ici le disque lui-même qui constitue le lieu à explorer. Queysanne y traque donc les relations subtiles entre oscillations/pulsations/rythmes, durée, espace acoustique et sculpte et ausculte avec patience, minutie clinique, ses longues formes oscillatoires qui se déploient hors du temps, austères acouphènes, omniprésents et insaisissables, dégagés de la pesanteur du chrono mais ancrés dans un temps propre auto-généré. Toutefois, il ne faut pas oublier que l'auditeur joue un rôle capital dans le dispositif : lui aussi est exploré par cette forme numérique sonore et il doit impérativement se positionner face à elle. Il en ressort de toute façon éprouvé, physiquement transformé : lorsque jouée par votre lecteur de disques, cette succession de quatre masses stridentes emplit la pièce où vous vous trouvez de toute sa densité et va jusqu'à la hanter lorsqu'elle a pris fin. Sondé, exploré et hanté, l'auditeur l'est tout autant que le disque et le lieu d'écoute. Quoi qu'il en soit, la relation complexe qui s'est nouée et jouée entre tous ces éléments durant l'écoute / diffusion vaut à elle seule la peine que l'on prête attention à cette oeuvre. Repérage Digital : territoire blanc, aride, statique et inhospitalier où tout bascule comme dans un rêve sibyllin et angoissant, duquel on s'extirpe sans être certain d'être encore soi. Difficile d'accès, ce disque extrême témoigne de sa filiation à une série et s'inscrit comme tel dans une logique expérimentale sans concession.

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